4ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 23 janvier 2022« Aujourd’hui s’accomplit la parole
que vous venez d’entendre »
Homélie
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Le texte du prophète Jérémie (1ère lecture) a été écrit bien avant la venue de Jésus. Il nous montre comment Jérémie est devenu porte-parole du Seigneur. Le message qu’il doit transmettre, il ne l’a pas choisi. Sa mission c’est de parler de la part du Seigneur, c’est de transmettre les paroles de Dieu, même si elles ne plaisent pas. Il devra parler sans crainte, même au risque de sa vie. Et c’est ce qui est arrivé : il a dû affronter l’hostilité des siens. Ils l’ont combattu et persécuté. Mais rien ni personne ne peut empêcher Dieu de vouloir entrer en relation avec nous pour nouer une relation d’alliance.
Nous, chrétiens d’aujourd’hui, nous devons être de la race des prophètes. Le vrai prophète ne craint pas de s’élever contre les privilèges qui s’attachent à la fortune, à la culture ou à la position sociale. Il n’a pas peur de se compromettre pour la défense des petits, des travailleurs, des peuples pauvres ou opprimés. Il devra parfois aller à contre-courant de ce que disent les médias. Aujourd’hui comme autrefois, l’Évangile reste cause de mépris, de persécution et de mort. Le vingtième siècle est celui qui a connu le plus grand nombre de martyrs. Mais rien ne peut empêcher la Parole de Dieu de produire du fruit.
C’est cette bonne nouvelle que nous lisons dans l’Évangile d’aujourd’hui. Dimanche dernier, nous avons entendu Jésus dire : “Cette Parole que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit” (Luc 4. 21). Mais très vite, il comprend qu’il y a un problème dans l’assemblée. Les gens de Nazareth ont entendu parler de ses miracles à Capharnaüm. Ils voudraient bien qu’il en fasse autant chez eux dans son village. Mais Jésus n’est pas d’accord avec cette attitude possessive car elle ne correspond pas au plan de Dieu. Sa mission ne se limite pas à faire des miracles chez lui dans sa patrie. Il est aussi envoyé pour les autres. D’ailleurs, il constate que les païens sont souvent plus ouverts au message de Dieu que ceux qui se disent croyants fidèles.
Et pour bien appuyer son message, Jésus rappelle deux événements de l’Ancien Testament : la veuve de Sarepta avait vidé sa dernière réserve d’huile et de farine pour nourrir le prophète Élie. Suite à l’intervention du prophète qui agissait au nom du Seigneur, la réserve d’huile et de farine n’ont pas diminué. Elle et son fils ont eu à manger jusqu’à la fin de la famine. Le deuxième événement concerne Naaman le Syrien. Après s’être baigné sept fois dans le Jourdain, il a été guéri.
Or cette veuve ainsi que Naaman étaient des païens. C’étaient des étrangers par rapport au peuple de Dieu et à sa religion. À travers ces deux récits, Jésus voudrait faire comprendre aux gens de Nazareth que Dieu aime aussi les païens. Il les aime d’un amour de prédilection. Toute l’histoire biblique est là pour nous le prouver. Dieu aime sans frontière. Il aime les incroyants, les pécheurs, les ingrats. Ils sont nombreux à travers le monde ceux et celles qui n’ont jamais entendu parler de lui. C’est vers eux que nous sommes envoyés. Comprenons bien : nous ne pouvons pas être en communion avec le Seigneur si nous n’entrons pas dans son projet d’amour universel.
Dans la seconde lecture, nous avons la lettre de saint Paul aux Corinthiens. Il a précisément été envoyé par le Seigneur pour être l’apôtre des nations païennes. Comme tous les prophètes et comme Jésus lui-même, il a dû affronter les persécuteurs. Aujourd’hui, il s’adresse à des chrétiens divisés pour leur parler de cet amour universel de Dieu qui doit guider toute leur vie. Chacun pourra relire ce texte en remplaçant le mot “amour” par Dieu car Dieu est amour. Et pour nous aider à faire notre examen de conscience, nous pouvons tenter de le lire en remplaçant ce mot “amour” par notre prénom. C’est très important pour le témoignage que nous avons à donner. Des chrétiens divisés ou repliés sur eux-mêmes ne seront jamais de la race des prophètes. L’Évangile nous invite inlassablement à ouvrir notre cœur aux dimensions de celui de Dieu. Si nous voulons annoncer la bonne nouvelle au monde, il nous faut d’abord aimer ce monde comme Dieu l’aime.
En ce jour, nous sommes tous invités à accueillir la vérité réconfortante de l’Évangile. Les auditeurs de Jésus l’ont refusé. Dans notre monde d’aujourd’hui, cela n’a guère changé. Nous voyons des gens s’installer bien confortablement dans leurs traditions et leurs certitudes. Ils n’acceptent pas d’être remis en question. Pendant ce temps, des gens qui étaient loin de la foi, se convertissent et se mettent en route à la suite du Christ. Plus que jamais, nous devons faire nôtre cette prière du psaume 94 : “Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur.”
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Présentation des lectures, pistes pour la prière universelle : Lire
2 Févier : Présentation de Jésus au temple : Lire
Sources : Revue Feu Nouveau – Paroles pour la route (Jean-Yves Garneau) – Pape François Selon Saint Luc – Dossiers personnels
« L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » (Lc 4:18-19) Jésus applique à Lui-même cette parole du prophète Isaïe : « Alors il se mit à leur dire : ‘Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre.’ » (Lc 4:21) C’est Lui le Messie attendu ! C’est Lui qui apporte la ‘Bonne Nouvelle’ révélant l’Amour de Dieu aux hommes. C’est Lui qui rassemble désormais l’humanité dans l’amour fraternel. Dans la synagogue, « tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. » (Lc 4:22) Mais ils en resteront, ce jour-là, au stade de l’étonnement !…
L’Amour est au cœur de l’enseignement de Jésus. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mc 12:30-31) Deux commandements indissociables. C’est le signe distinctif des disciples de Jésus ! « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13:34-35) Saint Paul détaille l’essentiel de la ‘Bonne Nouvelle’ annoncée par le Christ : « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. » (1 Cor 13:4-7) Cet amour profond et véritable est aussi vaste que l’océan… Un reflet de l’Amour divin ! L’amour sincère entre nous illustre notre degré d’intimité avec Dieu. Saint Paul affirme : « Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. L’amour ne passera jamais. » (1 Cor 13:8) C’est un phare, un point de repère fondamental qui guide la vie de tout chrétien. Ce feu d’Amour qui embrase les cœurs est au centre de la vie chrétienne. « J’aurai beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurai beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne sert à rien » (1 Cor 13:3) Saint Paul nous invite à l’ouverture de cœur, à une plus grande attention à tous ceux qui ont besoin de nous. Cette sincérité du cœur se traduit tout naturellement dans le quotidien par un sourire gentil, un bonjour chaleureux, un service rendu… De tels gestes aimablement échangés réchauffent les cœurs et élèvent l’âme de chacun. La vie deviendra merveilleuse quand l’Amour divin rayonne en nous et autour de nous. L’harmonie agira en profondeur quand la chaleur humaine nous anime tous.
Aimer, c’est ne pas juger, ne pas condamner.
Aimer, c’est accueillir l’autre tel qu’il est.
Aimer, c’est écouter une confidence sans se presser.
Aimer, c’est regarder le prochain avec les yeux du cœur.
Aimer, c’est dire ‘Je t’aime !’ avec sincérité.
C’est aussi simple que cela !… Mais c’est le plus précieux des trésors. Nous avons tous besoin d’un tel l’amour pour que la vie soit plus belle. Cette bienveillance portée sur l’autre doit être à la fois une disposition naturelle du cœur et une pratique spontanée. Un peu plus de chaleur humaine pour plus de bonheur ! Sans amour, l’entraide perd beaucoup de sa valeur. Pour que le don n’humilie pas celui qui le reçoit, le geste de solidarité doit venir du fond du cœur. Ainsi, un service rendu doit être accompagné de gentillesse envers la personne à qui on vient en aide. La parabole du ‘Bon Samaritain’ demeure le critère de l’amour universel qui se tourne vers celui qui est dans le besoin, rencontré ‘par hasard’ au chemin de la vie (Lc 10:25-37). Pour saint Jean, cet amour véritable envers le prochain témoigne du profond attachement de notre foi en Dieu. « Si quelqu’un dit: ‘J’aime Dieu’ et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas. Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. » (1 Jn 4:20-21) L’amour dans le sillage de Jésus ! La vie spirituelle ne nous détourne pas du monde réel, au contraire, elle nous plonge dans la réalité humaine et sociale.
La ‘Bonne Nouvelle’ nous est annoncée ! L’avons-nous bien accueillie ? Cette ‘Bonne Nouvelle’, c’est l’Amour qui se dit encore ‘aujourd’hui’ dans toutes les langues avec les mêmes mots : fraternité, solidarité, espérance… L’Amour divin dans le concret de la vie de chacun. Trouve-t-il l’accomplissement en nous ? Tout chrétien a pour mission de porter la ‘Bonne Nouvelle’ au monde. « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. » (Mc 16:15) Nous avons tous le devoir de répandre l’Amour autour de nous. Ainsi, nous contribuerons à rendre réelle cette Parole de Jésus : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » (Lc 4:21)
Nguyễn Thế Cường Jacques
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Faisons nôtre cette belle prière de saint François d’Assise :
Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix.
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant
à être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.